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Nos Voisins Lointains 3.11

Camélia rouge et l'année la plus dure pour les mouvements citoyens

A l’île de Sado où il n’y a pas de neige à cause d’un hiver doux, j’ai pu avancer les travaux à l’extérieur, mais je suis inquiet pour l’été.

Bientôt ça sera le 5e anniversaire du 11 mars.

Il semble que « Fukushima » s’efface de la conscience des gens. Le propriétaire d’un bistrot à Fukushima a dit : « je préfèrerais que les gens oublient vite ». Des gens qui nous aidaient s’éloignent des actions à cause de fatigue. Cela me laisse un sentiment complexe. Selon Ryuichi Hirokawa*, à Tchernobyl la période la plus difficile pour les mouvements citoyens était celle des 4e et 5e années après l’accident.

Dans ce temps difficile, nous avons créé les « Fonds pour les vacances sanitaires à l’Ile de Sado ».

Le mot d’ordre est de « donner une forme à la Non-oublie de Fukushima ».

J’ai fait un poème pour exprimer ces sentiments complexes.

Les photos sont celles de camélia et du cyprès du Sugisawa qui fait 25m autour et 50m en hauteur. On dit qu’il est vieux de 500 ans ou même 1000 ans. Il est puissant et beau. On aimerait être fort et souple.

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Camélia

Le 4 janvier 2016

Camélia rouge qui pend sur l’auvent

J’ai taillé les branches avec forces.

Je prépare les vacances sanitaires du printemps.

Au banquet du nouvel an d’hier soir

Une personne a dit :

Je quitte

ça ne correspond plus à ce que je veux faire.

Cela nous serre le cœur d'entendre

Mais cela doit faire du chagrin aussi à la personne qui le dit.

Camélia qui brûle en crépitant

Les feuilles vertes deviennent aussitôt rouges

Puis tombent en poussière noire et grise

Avant de disparaître dans l’air en forme d’une fumée blanche.

« A Tchernobyl aussi, la 5e année était la plus dure pour les mouvements citoyens » dit Hirokawa*.

Moi j’ai été irradié à Fukushima.

Il m’est impossible de m’enfuir… j’ai murmuré et

J’ai lancé des branches de camélia dans le feu.

C’est triste de voir des gens quitter.

Mais comme la nouvelle année commence

Il y aura aussi des nouvelles arrivées.

Le jour de l’an à la Maison Hettsui de Sado sans neige.

J’ai attrapé trois souris.

Je les donnerai aux milans ou aux ratons.

La lune monte au ciel de l’est.

J’ai prié les mains jointes avant d’entrer dans la maison.

Le repas de soir est de la soupe à la tête de poisson depuis 3 jours.

Seul

J’ai sucé la tête de sériole d’hiver.

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Publication datée du 5 janvier 2016 dans le FB de Hisao SEKI, sinistré de l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi, gérant du projet des vacances sanitaires pour les enfants dans l’Ile de Sado.

*Photojournaliste, militant, ex-éditeur en chef de DAYS JAPAN. « Le 13 mars 2011 au matin, deux jours à peine après le tremblement de terre et le tsunami, Ryuichi Hirokawa fait partie des tout premiers journalistes à entrer dans Futaba, la ville la plus proche de la centrale nucléaire de Fukushima, trois kilomètres à peine. Familier des catastrophes nucléaires, le photographe japonais, qui a déjà couvert Tchernobyl et Three Mile Island, a tout de suite flairé la gravité de la situation. Et contrairement à ses confrères des chaînes télé et des grands quotidiens nippons, ce vétéran du métier n'est pas du genre à attendre la permission pour se rendre sur place. », Télérama.

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