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Nos Voisins Lointains 3.11

Message de Ruiko MUTO

日本語テキストはフランス語テキストの後にあります。

Message à toutes les personnes dans le mondequi continuent de se préoccuper de Fukushima




À l’approche de la date anniversaire du 11 mars, je voudrais d’abord remercier du fond du cœur, cette année encore, tous ceux et toutes celles qui depuis sept ans, partout dans le monde, continuent de se soucier des victimes de l’accident de Fukushima, et de leur tendre une main secourable.

Aujourd’hui à Fukushima, résonnent de tous côtés, comme autant de leitmotivs, les mots d’ordre

«Retour», «Reconstruction» ou «Promotion de la Santé/Hygiène de vie».






«RECONSTRUCTION» En prévision des Jeux Olympiques de Tôkyô dans deux ans, un budget colossal est investi dans la région, en particulier sur la frange côtière où les dégâts du tsunami et du séisme ont été considérables. Sous couvert de promouvoir des «Projets innovants pour la côte», on construit des établissements de recherche centrés notamment sur les techniques de démantèlement des réacteurs à l’aide de robots spécialisés, mais aussi un parc éolien géant, une ferme solaire gigantesque, une centrale de biomasse solide à partir de bois…

Quant à la commune de Futaba où se trouve la centrale de Fukushima Daiichi, il a été décidé, malgré son niveau de contamination radioactive - le plus élevé de la région -, d’y bâtir de nouveaux établissements, entre autres, une «Base d’archives» qui exposera - je cite - «la réalité des dégâts causés par l’accident nucléaire». Elle a été conçue pour accueillir, en voyages scolaires, des lycéens venus de tout le pays.

«RETOUR» Les autorités de Fukushima envisagent le retour de tous les réfugiés dans leur commune d’origine avant 2020. Ainsi, le long de la côte, la ligne ferroviaire Jôban ,très endommagée, sera bientôt entièrement rouverte.

Or, derrière toutes ces mesures de façade, les droits humains les plus fondamentaux sont gravement bafoués: la politique de retour prônée actuellement ne permet pas aux habitants de retrouver, dans des endroits sûrs, les conditions de vie d’avant l’accident. En effet, dans les zones où le niveau de contamination radioactive est encore très élevé, les autorités ont fixé à 20 millisieverts par an - soit 20 fois plus que la dose qui avait cours avant 2011, 1mSv étant la norme adoptée par la plupart des pays -la dose maximale d’exposition autorisée. Ce qui revient à exiger des habitants qu’ils supportent de vivre irradiés.

Car aucune mesure de protection contre l’irradiation n’est prévue après leur retour. En particulier, les séjours réguliers en milieu sain, comme cela se pratique pour les enfants de Tchernobyl, ne sont pas envisagés. En outre, une fois levées les directives d’évacuation, les indemnités pour «dommages psychologiques» ainsi que la gratuité des logements servant de refuge sont supprimés, même pour ceux qui ne souhaitent plus retourner dans leur commune d’origine. Ces personnes se heurtent donc, d’emblée, à des situations très difficiles: certaines, se sentant acculées, acceptent à contre-coeur de revenir chez elles, d’autres en sont réduites à devenir des SDF, et on observe même une recrudescence des suicides. Dans le pire des cas, les familles qui refusent de quitter leurs habitations provisoires sont poursuivies en justice.

En novembre 2017, à l’issue de l’Examen Périodique Universel (l’EPU) mené par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, quatre pays membres (l’Allemagne, l’Autriche, le Mexique et le Portugal) ont adressé au gouvernement japonais des recommandations, afin que celui-ci s’attache à améliorer la situation des victimes de l’accident de Fukushima, en terme de droits humains.

Sur le site de la centrale accidentée, de graves difficultés perdurent. Plus de 800 cuves, contenant chacune 1000 tonnes d’eau contaminée au tritium, y sont accumulées. Monsieur Fuketa, le nouveau président de la Commission de réglementation de l’énergie nucléaire (ARN) et Monsieur Tanaka, son prédécesseur, soutiennent que «la seule solution est de larguer ces effluents dans l’océan». Ils multiplient les visites aux collectivités locales concernées afin d’obtenir leur accord sur ce point.

Originaire de Fukushima, j’ai vu la mer pour la première fois de ma vie à l’âge de quatre ans, sur la côte d’Iwaki. J’en garde encore un souvenir émerveillé. À l’époque, cette partie de l’Océan, par la richesse et la diversité des êtres vivants qui la peuplent, était considérée comme l’une des trois plus importantes zones de pêche du monde. N’oublions pas en outre que la mer constitue, avant toutes choses, l’élément qui relie entre eux tous les pays du monde. Depuis l’accident de Fukushima, d’énormes quantités de substances radioactives se sont déjà répandues dans la mer. Que l’organisme japonais chargé de la sécurité nucléaire prenne l’initiative d’y répandre une quantité de tritium qui équivaut à 40 fois la limite réglementée annuelle, voilà qui est tout simplement inadmissible. Actuellement, les pêcheurs de Fukushima sont les premiers à s’opposer désespérément à cette «solution» arbitraire et irresponsable. Nous vous demandons de joindre votre voix à la leur: nous avons besoin, dans ce domaine, d’une protestation au niveau international.


«PROMOTION DE LA SANTÉ/HYGIÈNE DE VIE» Pour ce qui est des seuls examens médicaux pratiqués systématiquement auprès des habitants de Fukushima depuis 2011: ceux de la thyroïde, les résultats sont alarmants, puisque selon les chiffres les plus récents, le nombre de cancers diagnostiqués s’élève à 193 (dont 154 avérés après opération) - sur 300.000 enfants et adolescents âgés de moins de 18 ans au moment de l’accident.


La Commission d’experts médicaux s’obstine néanmoins à prétendre «qu’il est difficile d’affirmer qu’il s’agit de conséquences de l’accident nucléaire».

Or, on a découvert l’année dernière l’existence d’autres cas de cancers de la thyroïde non répertoriés dans les résultats publiés. Il s’agit de personnes qui, au terme du premier examen, avaient été classées dans la catégorie «en phase d’observation»: dans les statistiques départementales, elles ont été «exclues» des cas suspects, même quand elles ont développé un cancer avant l’examen suivant.

Sous la pression des citoyens et de quelques experts, la Faculté départementale de Médecine de Fukushima s’est enfin engagée à faire des recherches pour déterminer le nombre de cas de cancers avérés parmi ces personnes. Mais elle prévoit un délai de deux ans avant de publier les résultats. On constate donc que les informations communiquées par les autorités restent incomplètes, même pour les seuls examens médicaux pratiqués auprès des victimes de l’accident.

Et ce n’est pas tout. En ce qui concerne les examens de la thyroïde, les experts scientifiques manifestent désormais leur volonté d’en réduire la portée et d’en diminuer la fréquence sous prétexte que: 1) Le dépistage a provoqué un «sur-diagnostic.»; 2)Les examens en milieu scolaire «bafouent les droits de l’homme». 3) Il faut respecter le droit des patients à «ne pas savoir».

Juste après l’accident nucléaire, les autorités de Fukushima ont refusé de distribuer des comprimés d’iode à la population. Il est désormais de leur devoir de prendre leur responsabilité pour assurer le suivi médical de leurs administrés, en poursuivant les examens de la thyroïde.


«FORMER LA POPULATION À VIVRE AVEC LA RADIOACTIVITÉ» Fin 2016, nous avons appris

avec stupeur que le lycée départemental de Fukushima avait organisé pour certains lycéens une visite de la centrale accidentée. Depuis, cette visite de Fukushima Daiichi a été intégrée au cursus de l’Université de ce département. D’autre part, dans une commune où les directives d’évacuation ont été levées, un concours a été organisé à l’intention des lycées professionnels de tout le pays: il s’agissait de concevoir des robots destinés au démantèlement des réacteurs.

À Miharu, ma propre commune, un «Centre de création de l’environnement de Fukushima» a été inauguré en 2016. Dans le bâtiment à vocation pédagogique de cet établissement, on incite les visiteurs, grâce à des jeux vidéo et des visuels très élaborés, à en apprendre plus sur la radioactivité. Un an après son ouverture, 100000 personnes sont déjà venues visiter cet endroit - en majorité des enfants et des jeunes. Et parmi les commentaires qu’ils laissent, on lit souvent des témoignages comme ceux-ci: «Je croyais que la radioactivité était néfaste. Je suis heureux d’apprendre qu’elle est utile à la médecine et à la science.» «Avant, j’avais peur de la radioactivité. À présent j’ai compris qu’elle existe dans la nature et que les aliments en contiennent, et ça m’a rassuré(e).» «Si tout le monde vient ici pour s’informer, la discrimination envers Fukushima pourra disparaître»

Cet «enseignement» est donc bien loin de faire comprendre la dangerosité des éléments radioactifs présents dans notre environnement, et ne propose pas aux habitants des moyens concrets de protection contre la contamination, qu’elle soit interne ou externe.


«QUE JUSTICE SOIT FAITE» C’est dans ce climat que des procès ont été intentés au civil, soit pour exiger de l’opérateur TEPCO le versement de dommages et intérêts, soit pour mettre en cause les erreurs des autorités administratives. Pour bon nombre d’entre eux, le verdict devrait être rendu cette année. Déjà, certains juges ont reconnu que le gouvernement japonais et TEPCO avaient négligé les mesures préven- tives qui s’imposaient contre le tsunami.

Quant à la plainte déposée au pénal en 2012 par un groupe de 14000 personnes, la première audience du procès a enfin eu lieu en juin 2017 à Tôkyô. Les trois prévenus, anciens hauts dirigeants de TEPCO, refusant de reconnaître leur propre responsabilité dans l’accident, ont plaidé «non coupable». Mais les avocats des plaignants, à qui est dévolu le rôle de procureur dans cette affaire, sont parvenus à rassembler de nombreuses preuves: elles vont permettre de démontrer l’inaction caractérisée de TEPCO en matière de mesures préventives face au tsunami.

La bataille historique contre les acteurs de l’industrie nucléaire est donc engagée désormais. Nous souhaitons vivement que ce procès ait une répercussion internationale. Nous faisons circuler une pétition adressée au président du Tribunal régional de Tôkyô pour lui demander un jugement impartial en la matière. Ses versions anglaise et française existent également. Merci de nous aider en la signant et en la diffusant largement.

L’hiver a été très rude cette année encore à Fukushima. Mais sous la terre gelée dorment des graines qui vont germer au printemps. N’oublions jamais de rêver à l’avènement d’une nouvelle ère, tout en vivant pleinement l’instant présent et en restant fidèlesà nos convictions. Et à l’image de la mer qui relie toutes les régions du monde, restons unis et ne manquons pas une occasion de renforcer nos liens de solidarité.

Fukushima, le 11 mars 2018, Ruiko MUTO, «Femmes de Fukushima contre le nucléaire»,

déléguée de la partie plaignante au procès pénal intenté contre les dirigeants de TEPCO.

(traduction française: yosomono-net France)

http://yosomononet.blog.fc2.com/ yosomononet@gmail.com

Nous remercions à Yosomono-net France pour la traduction française

 

福島に心を寄せる世界の皆さまへ

福島原発事故から7年。今年も3.11がやってきます。

2011年のあの日から、ずっと福島を見守り、手を差し伸べて下さる皆さまに心から感謝致します。

今、福島では帰還、復興、健康作りなどの言葉が飛び交っています。2020年のオリンピックを2年後に控え、莫大な復興予算が投入され、震災の被害が顕著であった沿岸地域を中心に、イノベーションコースト構想と名打ち、廃炉技術やロボットの開発施設、大型風力発電、メガソーラー、木質バイオマス発電所などが建設されています。放射能汚染が最も深刻な福島第一原発立地町である双葉町にも、原発事故の被害の実相を伝えるとうたったアーカイブ拠点や産業会館等が建設を予定され、高校生の修学旅行を誘致しようとしています。福島県は、オリンピックまでにすべての避難者を帰還させたいと考え、海岸線を走る常磐線の全線開通も間近です。

しかしその陰では、著しい人権侵害が起きています。現在推進されている帰還政策は、除染をして元通りの安全な場所に戻ったからお帰りくださいというものではないのです。年間被ばく線量が、原発事故前の20倍である20ミリシーベルトを下回る地域では、被ばくを我慢して暮らせというものです。保養などの帰還後の被ばく防護策は特になく、避難解除後は、帰還しなくとも、精神的賠償や避難住宅の無償提供を打ち切られます。たちまち生活が困窮し、追い詰められて望まない帰還をする人、ホームレスになった人や自死する人も出ている状況です。避難住宅の立ち退きを迫られ、裁判に訴えられている家族もあります。国連人権理事会による人権審査で、国連加盟国4カ国が、原発事故被害者の人権状況を是正するように、日本政府に勧告しています。

原発サイトでも深刻な状況は続いています。トリチウム汚染水の1000tのタンクは800基を超えました。原子力規制委員会の更田委員長、元委員長の田中氏は、「海に流すことが唯一の解決策だ」と地元自治体を回って説得をしています。私が4歳の時に生まれて初めて見た海は、福島県いわき市の海でした。今でもその光景が目に浮かびます。世界の3大漁場と言われ、豊かな生き物たちに満ちていました。そして何より海は世界につながっています。原発事故で既に大量の放射性物質が流されたのに、更に人為的に流し、世界の海をこれ以上汚したくはありません。本来規制する側が積極的に流そうと動いていることは許しがたいことです。現在、福島の漁業者たちが必死でトリチウム汚染水の放出を止めています。どうか世界からも是非声をあげて下さい。お願い致します。

福島県民健康調査における甲状腺検査では、がんとがんの疑いが現在193人となりました。相変わらず県民健康調査検討委員会は原発事故との関連は考えにくいとの見解ですが、この数字のほかに、県民健康調査に報告されていない甲状腺がん患者がいることが昨年発覚しました。県民健康調査の甲状腺検査を受けた後に「経過観察」とされた人が、次回の県民健康調査の前にがんが発見された場合、県民健康調査の報告に反映されていないことが分かりました。その中に何人のがん発症者がいるのか調査すべきだとの声が、検討委員会の委員や市民からもあがり、ようやく県立医大が調査に乗り出すことになりましたが、調査に2年もかけるといいます。原発事故被害者に、唯一行われている健康に関する調査であるにもかかわらず、正しい結果が提供されてはいません。現在、この甲状腺検査に対し、「過剰診断」「学校での検査は人権侵害」「知らない権利がある」などの言葉を使い、縮小しようとする動きがあります。原発事故時に安定ヨウ素剤の配布を拒みさえした福島県は、責任を持って甲状腺検査を継続していくべきです。

一昨年、福島市の高校生が、廃炉作業中の福島第一原発の見学をしたとの報道があり仰天しましたが、その後、福島大学でも、授業の中に原発見学が取り入れられました。全国の高等専門学校でも、原発の廃炉のためのロボットコンテストなどが、避難指示が解除になった町で開かれました。私の住む町に建設された、福島県環境創造センターの放射能教育施設コミュタン福島には、ビジュアルやゲーム感覚で放射能について学ぶ展示がなされています。開所1年で約10万人が訪れ、子どもたちの感想文などを読んでみると、「放射能は危険なだけでなく医学や科学に役立つものであって良かった」「放射能は怖いものだと思っていたが、自然界にもあり、食べ物にも含まれていることがわかり、安心した」「みんながここで学べば福島への差別はなくなる」などが多く見られました。今も存在する放射性物質の危険を正確に認識し、それらから自分を防護することを学ぶ教育とは程遠いように感じます。

このような中で、沢山の損害賠償を求める裁判、行政に施策の誤りをただす裁判、刑事責任を問う裁判が開かれています。民事裁判では、東電や国が津波対策を怠ったことが認められた判決もあります。今年は次々と判決が出てきます。

昨年6月には、福島県民をはじめとする全国1万4千人からなる福島原発告訴団が、福島地方検察庁に刑事告訴をしたことから始まった刑事裁判の初公判がとうとう始まりました。被告人の東電の元最高幹部3人は、自分たちに責任はないと無罪を主張しましたが、検察官役の弁護士は東電の津波対策に対する不作為を証明する、多くの証拠をもって歴史的な闘いを開始しました。是非、注目をして下さい。現在、裁判長に宛てて、「厳正な判決を求める署名」を行っています。福島原発刑事訴訟支援団のHPに英語の署名サイトもありますので、ご協力をお願い致します。

 今年の冬は、福島でも厳しい寒さでした。でも凍てつく土の下には、春に芽吹く

植物の種が眠っています。新しい時代を夢見ることを忘れずに、今を誠実に生きていきましょう。そして世界の海がつながっているように、私たちもつながり続けましょう。                   2018.3.11  福島にて  武藤類子


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