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Nos Voisins Lointains 3.11

Blinder le césium dans son jardin


En respectant la règle de fer du maître, l’acteur (habitant de la maison) a commencé les travaux. Il semble qu’ils veulent une finition à la japonaise en plaçant des pierres et des graviers. C’est l’univers de wabi-sabi (rire). Puisqu’ils font des travaux, ils veulent valoriser l’aspect esthétique également.

Dans ces travaux, le point important à faire remarquer est l’efficacité d’immobiliser intentionnellement la terre contenant le césium radioactif à l’aide de ciment. C’est-à-dire que, plutôt que laisser le césium se déplacer au gré du vent et de la pluie, on essaie de trouver une solution

  • en l’enfermant sous le sol à certaine profondeur, et

  • en l’utilise comme matériau de béton.

Indépendamment du degré de la contamination, tout le monde souhaite de « se défaire du tout », et

de « tout remplacer ». Mais cela entraîne beaucoup de coût, et laisse le problème de déchet. Ce n’est donc pas si facile à effectuer, et cela finit comme un désir à réaliser « un de ces jours ».

De là pour passer au plan exécutable par ménage, il faut d’abord réaliser des mesures approfondies de radioactivité chez soi et classer les endroits. Ensuite il faut pouvoir concevoir la terre contenant césium à faible dose de radioactivité non pas comme déchet, mais comme une ressource (matériau de construction). Cela va ensemble avec la distinction claire dans la tête entre « l’élimination » et le « blindage ».

J’ai senti qu’il y a là un savoir-faire que des citoyens peuvent exploiter.

Le maître a dit : « Garde bien tous les reçus. Il faut être prêt pour demander le remboursement à TEPCo un de ces jours ».

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Sur cette publication, je voudrais ajouter quelques remarques supplémentaires.

Il existe beaucoup d’options dans la stratégie de réduction de la quantité d’irradiation dans le cadre de la radioprotection. Ce que j’ai présenté ici n’est pas de tout une option standard. Ni moi-même ni les personnes qui étaient engagées dans ces travaux ne le considérons comme tel.

Afin de réduire la quantité d’irradiation, si le temps vous permet (si vous pouvez attendre), l’idéal serait de satisfaire les 3 points suivants :

  • Qui réalise les travaux ? = C’est la responsabilité de celui qui a causé l’accident de la centrale nucléaire.

  • Jusqu’à quel degré = retrouver l’état d’avant l’accident

  • Que faire avec les déchets = les gouvernements locaux s’en chargent sous la direction du responsable final.

Idéalement, ces points doivent être respectés, mais malheureusement, les travaux n’avancent que très lentement. Dès lors, il y a une option de continuer à revendiquer la réalisation de tous ou au moins une partie de ces points, tout en acceptant le risque d’irradiation entre-temps. Il y a aussi, sous différentes circonstances, une option de renoncer, au moins provisoirement, à un ou tous les points, et passer à la stratégie de réduction d’irradiation. Une fois cette option prise, il existe des variations infinies dans les plans concrets selon les conditions de chaque maison (la disposition, le plan de construction, etc.).

L’attitude du gouvernement local où habite la personne influe beaucoup sur le choix également.

Par exemple, concernant le numéro 3 sur le déchet, si le gouvernement local propose l’agenda de ramassage dans 6 mois, il n’est pas nécessaire de le conserver sur le site de la maison.

La maison dont je présente les travaux ici est située dans la zone C dans le plan des travaux de décontamination de la ville de Date de la préfecture de Fukushima. Dans cette zone, les travaux de décontamination par l’administration locale ne s’étendent pas à toutes les maisons*. Il n’existe pas de système de ramassage des déchets non plus. Malgré la revendication des habitants, il n’y a pas de perspective du changement dans la politique locale. Le résident en question ici se trouve dans cette circonstance, et il a décidé qu’il ne pouvait plus attendre.

Ainsi, dans un sens le cas présenté ici est un cas extrême, car le résident renonce à tous les 3 points, et il opte pour un plan pratique. Il s’agit ici d’un des derniers moyens pour ceux qui ne veulent absolument pas renoncer à la radioprotection.

Toutefois, pour ceux qui vivent dans un environnement qui permet à apercevoir des changements pour le mieux, il vaut mieux trouver d’autres solutions en exploitant des ressources disponibles. (Les personnes engagées dans les présents travaux le suggèrent eux-mêmes.)

Un cas comme celui-ci montre bien que dans les lieux sinistrés de l’accident nucléaire, il existe toujours des complexités qui peuvent se résulter en incohérence et confusion si on ne donne pas suffisamment de précision dans son explication sur « qui » « fait quoi exactement ».

La vérité est qu’en réalisant les choix du point de vue de chacun et chacune, le désir de tout le monde converge en un seul objectif de « survivre ensemble ». Quant à moi, je voudrais continuer à m’investir pour faire les liens entre ces points de vue.

Merci d’avoir lu ce long texte.

*ntr : La municipalité nettoie seulement des endroits restreints où la mesure de radioactivité à 1cm de surface du sol dépasse 3µSv/h.

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Publication datée du 29 juillet 2015 dans Facebook de Hiroshi SATO, actif dans le cadre du Littlefukushima, groupe de soutien auprès des sinistrés de l’accident de la centrale nucléaire de TEPCo Fukushima Daiichi.

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