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Nos Voisins Lointains 3.11

Arrêt du soutien au logement auprès des déplacés nucléaires

Actuellement, les déplacés ainsi que les activistes qui les soutiennent travaillent d’arrache-pied sur le problème du retrait du soutien au logement auprès des déplacés en provenance des régions « en dehors de zones d’évacuation par ordre ». J’essaie de garder la tête froide, mais dès que j’y réfléchis, je ne peux pas empêcher la colère de monter. La politique de l’État consiste en levée de l’ordre d’évacuation. Cela signifie l’élargissement des régions « en dehors des zones d’évacuation par ordre », ce qui permet d’étendre la cession de la mise à disposition du logement. Le mouvement actuel obscurcit ce point. L’intention est de faire croire aux gens que « l’État arrête le soutien au logement seulement auprès des déplacés dits « volontaires », c’est-à-dire ceux qui ont fuit les régions qui n’étaient pas désignées comme zones d’évacuation, que cela ne concerne pas la population dont la résidence se trouvait ou se trouve dans la zone d’évacuation, que seules les personnes ayant la maison où retourner sont priées de la regagner. Mais le fait est que l’ordre d’évacuation est levé de plus en plus dans des zones où le risque est encore trop élevé pour y habiter. Par conséquent, les évacués par ordre se voient se transformer en « déplacés volontaires » dès moment que l’ordre est levé de leurs lieux de résidence. La parole officielle consiste à dire ; « vous souhaitez retourner à votre pays, n’est ce pas ? » ; « cela va de soi que vous voulez regagner votre pays ». Ainsi, c’est comme si l’État essaie de faire tout ce qui est en son pouvoir afin de réaliser le souhait des déplacés, et si ces derniers ne retournent pas chez eux, c’est eux qui en sont responsables. L’État se déresponsabilise, et rend les déplacés responsables de leurs sorts. C’est ainsi que je comprends la situation actuelle. Ni l’État ni la TEPCO n’ait assumé la responsabilité. L’accident est loin d’être terminé. La fuite des matières radioactives et des eaux contaminées continue. Malgré tout cela, l’ambiance générale ainsi créée dans la société fait que l’acte de se déplacer soit à blâmer. Cependant, c’est parce que la centrale nucléaire dont l’accident est encore en cors est bien là que les déplacés ont « peur de la radioactivité », qu’ils souhaitent « éviter l’exposition des enfants à la radioactivité », qu’ils ont « l’inquiétude sur l’état sanitaire à présent et à l’avenir ». Or, on les accuse en disant que « leur réaction est excessive », que « Fukushima est rentré dans l’ordre », en se fondant sur une vision optimiste complètement dépourvue de fondement. Et on essaie de les faire retourner aux lieux près de la centrale nucléaire endommagée, avec le risque de mort si on s’y approche de trop près, dont la gestion des matières contaminées est loin d’être résolue. Est ce raisonnable ? Pour les déplacés, le problème de la cession de l’aide au logement n’est plus la cause d’inquiétude, mais de la « peur ». L’État et la préfecture de Fukushima vont priver les déplacés de leurs logements. La « peur » est le mot plus adéquat que l’inquiétude pour décrire leur état psychologique. Les déplacés se battent malgré cette peur, en s’exposant au risque, afin de réclamer auprès de l’État, du gouvernement de Fukushima et des communes où ils résident actuellement, le retrait du projet qui les priverait le logement. Est ce acceptable de les faire sentir une telle peur et anxiété, de les laisser dans la peur ? Lorsque l’accident nucléaire est survenu, nous aussi nous avons eu la peur de devoir quitter nos lieux de résidence. L’avons nous oubliée ? Les déplacés ne sont pas la catégorie de « personnes qui sont déplacés ». Ce sont les gens avec qui nous avons un lien. Nos voisins vont perdre leur maison où ils peuvent vivre tranquillement. Nous ne pouvons pas le permettre. _________________ Publication datée du 8 juin 2015 dans Facebook d’une militante qui accompagne et soutient des déplacés à Tokyo depuis le début de l’accident nucléaire de TEPCo Fukushima Daiichi.

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