Légumes d'une grand-mère
Aujourd’hui, une grand-mère de mon voisinage m’a demandé si je mangeais les légumes produits localement.
Elle m’avait donné plusieurs fois des légumes qu’elle avait cultivés.
Il paraît que c’est la saison de tomates maintenant, et qu’elle en a en abondance.
J’ai répondu que je les mangeais, mais en sélectionnant.
Il semble que sa petite-fille travaille dans un secteur médical. Lorsque la grand-mère lui sert à la table des potimarrons ou des haricots verts, elle dit qu’elle les mangera plus tard, mais en fait elle ne les mange jamais.
Quant à son fils, avant la catastrophe (du mars 2011 NTR), il adorait et mangeait tous les jours des prunes confites salées. Après la catastrophe, il ne les mange plus, même après la levée de la restriction de distribution des prunes.
J’ai dit à la grand-mère que c’était triste.
Personne n’a tort, ni la grand-mère, ni le fils ou la petite-fille.
Je comprends le sentiment de la grand-mère mais je comprends aussi le souci des membres de la famille. Et personne ne prend la responsabilité de cette situation. C’est vraiment absurde.
Mais la grand-mère était bien au courant.
« Je cultive les légumes dans une serre, mais comme il faut aérer la serre, ça entre par l’ouverture ».
J’avais entendu dire que la radioactivité était détectée à l’entrée des serres.
La grand-mère a dit en riant « nous, les personnes âgées, nous mangeons tout ».
Elle a dit aussi qu’après la catastrophe elle mesurait la radioactivité, mais comme celle-ci n’est plus détectée, ces jours-ci elle ne mesure plus.
_____
Publication datée du 9 juillet 2015 dans Facebook d’une habitante de la ville de Date (dans la préfecture de Fukushima)
